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et obtenait d’autant plus aisément les suffrages de l’école qu’il n’était que médecin. Alors la médecine pratique était tout ; la chimie, la botanique ne formaient que des accessoires très subalternes.

Dans la première année de mes études médicales, je m’adonnai, d’une manière spéciale, à l’étude de l’anatomie et de la botanique. Ces deux sciences avaient un attrait tout particulier pour moi.

Dès la deuxième année, je fus en état de préparer les leçons de l’école sous la direction de Laborie, très habile démonstrateur d’anatomie, et, à la fin de la même année, je lus à la Société royale des sciences de Montpellier un mémoire de physiologie produisant des conclusions nouvelles[1].

Un fait assez extraordinaire vint refroidir mon zèle pour l’anatomie. Les cadavres ne suffisent pas à Montpellier pour les besoins des amphithéâtres, et très souvent l’on est forcé de suspendre les cours jusqu’à ce que l’hospice puisse en délivrer. C’est cette pénurie de moyens d’instruction qui m’avait porté à me lier avec M. Fressines, premier chirurgien de l’Hôtel-Dieu, pour travailler en commun sur l’anatomie. Un jour, Fressines vint m’annoncer qu’il venait de faire porter un cadavre dans son amphithéâtre particulier ; nous nous y rendîmes de suite ; je trouvai le cadavre d’un jeune homme

  1. Chaptal donne sur le sujet de cette thèse des détails qui n’ont pas leur place ici.