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dans des combinaisons purement politiques. Voici sa profession de foi ou plutôt son testament de pair de France, que je retrouve dans ses notes :

« J’ai eu pour règle de ne jamais prendre la parole sur des objets de politique ; je me suis toujours borné à voter d’après ma conscience et mes principes.

« J’ai fait entrer un peu d’amour-propre dans cette conduite, attendu que j’ai vu que ceux qui se prodiguent à la tribune pour parler sur toutes les matières fatiguent l’assemblée et sont bientôt usés dans son opinion.

« Avant de parler dans une assemblée aussi imposante et éclairée que celle de la Chambre des pairs, il faut avoir réfléchi et se sentir pénétré du sentiment que ce qu’on a à dire doit éclairer la discussion et surtout que les idées que vous devez émettre sont neuves pour l’auditoire. On ne pardonne pas à un orateur de ne reproduire que ce que tout le monde sait.

« J’ai voté plus souvent avec l’opposition ; mais je ne m’en suis pas fait une loi. J’ai conservé mon indépendance. Mes études, mon expérience et mon âge m’ont toujours suffi pour me diriger. »

Ce patriarche, dont le cœur et l’esprit sont comme des forteresses inaccessibles aux passions politiques, est resté, pendant toute la Restauration, le protecteur naturel et influent des jeunes gens de