Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Chanteloup : l’homme bienfaisant, qui voulait que tout le monde fût heureux autour de lui et que les vignerons d’Amboise eussent de belles récoltes, surtout depuis que son amour-propre de savant était intéressé au succès de la « chaptalisation », et le fabricant de sucre, qui devenait féroce lorsque la sécheresse empêchait ses betteraves de lever.

Il écrit le 25 juin 1818 : « Nous allons tous bien, mais j’enrage, parce que nous n’avons pas de pluie ; quelques gouttes survenues par un orage n’ont fait que nous donner un vent froid qui est pire que la chaleur. Tout cela n’empêche pas qu’on ne soit très content ici, parce que la vigne est superbe, et je suis seul à plaindre. » Et, quelques jours après : « Nous avons eu une pluie d’une demi-heure, qui n’a pas fait revenir les morts, mais qui nous a rendu un peu de gaieté. »

Ses voisins d’Amboise, voyant qu’il aimait la campagne et se plaisait à vivre au milieu d’eux, ne gardaient pas rancune au fabricant de sucre. Ils lui savaient gré de préférer « ses choux et même ses betteraves » au séjour de Paris et aux séances de la Chambre des pairs. Chaptal est sincère, lorsqu’il écrit : « Je vous assure que, si je n’avais pas des devoirs à remplir à Paris, je passerais ici toute l’année. Je m’y trouve bien[1]. » Un jour qu’il est

  1. Lettre à son gendre.