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qu’un de ses écrits. L’expérience du savant n’a fait que fortifier chez lui une tendance naturelle. Dès qu’il a commencé à penser par lui-même, c’est-à-dire à dix-huit ans, il a rédigé une thèse de docteur en médecine, qui est l’exposé sommaire des conceptions qu’il développera plus tard, soit comme savant, soit comme homme d’action. Il raconte qu’on lui a dérobé un travail dans lequel il traitait à nouveau, quatre ou cinq ans après, le même sujet. L’accident paraîtra moins regrettable, si l’on considère que sa vie tout entière est le développement progressif et continu de la même idée[1].

  1. Un des professeurs d’économie politique les plus distingués de l’Allemagne, M. Brentano, à qui j’avais fait lire quelques-uns des passages les plus marquants des écrits économiques de mon arrière-grand-père, a écrit à cette occasion les lignes suivantes :
    « À Monsieur Gide, professeur à la Faculté de droit de Montpellier.
    « En lisant ce que M. Chaptal m’a montré des écrits de son aïeul, j’ai été étonné de faire la connaissance d’un grand ministre économiste qui jusque-là m’était entièrement inconnu dans cette qualité. Les histoires économiques et commerciales de la France que je connais ne parlent pas de lui, et il reste dans ces histoires une grande lacune, la réorganisation économique de la France sous Napoléon Ier.
    « J’ai l’impression que Chaptal était un réorganisateur, un Colbert du dix-neuvième siècle, avec beaucoup de traits semblables à ceux de son grand prédécesseur, mais plus moderne en technique, comme en philosophie. Enfin, Chaptal me semble être l’homme qui, le premier, a donné aux peuples continentaux du dix-neuvième siècle l’exemple d’une organisation économique sur une base nationale, qui a inspiré List et tous les continentaux qui, plus tard, ont prêché l’organisation nationale de la vie économique.
    « Il me semble que l’orthodoxie économique qui a régné jusqu’ici en France est la cause que l’on ne sait rien, ni des mesures pour réorganiser l’économie politique de la France sous le Con-