Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/151

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Une pensée surtout le console, c’est que la France, envahie par l’étranger et déchirée au dedans, a pu se suffire à elle-même, en faisant un appel au patriotisme de tout le monde et à l’ingéniosité des savants, et qu’elle a puisé dans ce qui pouvait ressembler à une agonie le moyen d’établir, très peu de temps après, sa supériorité industrielle en Europe. Cette pensée revient, sous différentes formes, dans tous ses ouvrages, dans son Essai sur le développement des arts chimiques en France (1800), dans ses circulaires aux préfets, à qui il parle comme à des amis qui seraient en même temps ses élèves, dans son Traité sur le sucre de betterave, dans l’Industrie française enfin.

La nécessité de défendre son indépendance lui paraît l’agent chimique le plus capable de produire une réaction salutaire dans l’organisme d’un peuple. Ses idées de savant et d’homme politique ne se meuvent qu’animées d’une espérance patriotique, qui leur apporte leur forme, leur force et leur harmonie.

Cette manière de voir bien personnelle à Chaptal et qui fait que son âme puise ses inspirations, pour ainsi dire, dans la grande âme nationale, ne manque pas de frapper tous ceux qui lisent quel-

    les guerres avec l’Angleterre et le blocus continental que la teinture du coton en rouge d’Andrinople s’est beaucoup développée en France. Chaptal avait trouvé le moyen de la tirer d’une plante, qu’on appelle la garance.