Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rance et de facilité, et, à cet égard, je ne le cédais à personne.

Ma conduite et mes succès me firent une grande réputation ; les souvenirs que j’ai laissés à l’école ne se sont pas encore effacés ; c’est au point que, même encore de nos jours, on donne ma chambre à habiter au plus studieux du collège, et qu’une inscription placée sur la porte rappelle l’époque où elle a été habitée par moi. J’avouerai franchement que cet hommage rendu à mes premiers succès dans la carrière des sciences m’a plus flatté que tous les titres académiques dont j’ai été honoré par la suite.

Après deux ans passés à Rodez, je me rendis à Montpellier, auprès de mon oncle, qui avait vieilli dans la pratique de la médecine, qui jouissait d’une grande réputation de talent comme praticien et qui avait conquis l’estime publique non seulement par ses succès, mais par un désintéressement et une dignité dans l’exercice de sa profession, qui le faisaient adorer. Ses succès l’avaient fait surnommer le Guérisseur[1].

Le choix de mon état ne pouvait pas être douteux : l’exemple de mon oncle, son amour pour une profession qu’il exerçait si honorablement, l’espoir de lui

  1. Claude Chaptal contribua beaucoup à propager la découverte de Jenner, et, comme botaniste, il fit partie de la Société royale des sciences de Montpellier.