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définitivement par un bon traité de commerce[1]. C’était une bien maigre consolation, pour un homme comme lui, que d’en être réduit à se féliciter, en 1813, de ce que le plus grand mal était du côté des Anglais. Pour lui, la paix était un tribut dont les gouvernements sont redevables aux peuples. Avec la paix, et plus facilement qu’avec la guerre perpétuelle, la France aurait pu mener à bien cette grande réforme économique que la chimie avait instituée ; les bouleversements provoqués par la politique de Napoléon n’ont fait que retarder son essor.

Dans les premières années de l’Empire, Chaptal espérait encore que les bienfaits de la paix découleraient des victoires de Napoléon. Le Sénat avait décrété l’érection d’un monument au vainqueur d’Austerlitz. Chaptal lui adressa ces paroles, qui semblent animées du souffle même de Sully : « Quelques générations se sont à peine écoulées, et l’herbe couvre cette colonne élevée dans les plaines d’Ivry à la mémoire d’un monarque vainqueur des discordes civiles et des guerres étrangères ; sa statue ne frappe plus nos regards au sein de nos cités,

  1. Dans son Essai sur le perfectionnement des arts chimiques en France, publié en 1800, il écrit : « La puissance colossale de l’Angleterre repose sur la prospérité de son commerce. Mais elle croulera le jour même où la paix générale appellera tous les peuples à concourir avec elle… C’est cette terrible vérité, toujours présente à l’esprit dominateur du gouvernement britannique, qui en dirige la politique… etc. » (Moniteur, an VIII, p. 562.)