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qui inquiétait surtout Napoléon, les ouvriers des manufactures commençaient à manquer d’ouvrage.

Chaptal, qui, en 1810, venait d’être réélu à l’unanimité trésorier du Sénat (fait sans précédent), commença alors à jouer auprès de Napoléon ce que Flourens et d’autres contemporains ont appelé le rôle d’organe officiel du commerce, de l’agriculture et de l’industrie. C’est une fonction d’assistance gratuite qu’il exerce déjà depuis sa sortie du ministère, auprès de l’opinion publique. L’Empereur ne fait que donner une consécration officielle à une situation acquise, lorsqu’il le nomme membre du Conseil du commerce et des manufactures. Ce Conseil, composé de deux ministres, ceux de l’intérieur et des affaires étrangères, et du directeur général des douanes, ne compte qu’un seul membre étranger au gouvernement : c’est Chaptal, pour qui l’institution semble avoir été créée ; en tout cas, il en est l’âme. L’Empereur en préside lui-même les séances, qui durent de une heure jusqu’à six ou sept heures du soir, et qui ont lieu tous les lundis, parfois plus fréquemment.

Depuis quelque temps, Napoléon s’était, en plusieurs circonstances, exprimé honorablement sur le compte de Chaptal et avait publiquement rappelé les services rendus pendant son ministère. « Il avait surtout, dit Chaptal dans ses notes, pris une bonne opinion de mes connaissances en fait d’agri-