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commission. Je crois sage de vendre le plus tôt possible ce que nous avons… Je ne veux pas compromettre mon existence pour quelques mille francs de plus… Le gouvernement ne tardera pas à prendre des mesures violentes ; elles sont nécessaires. Vends, je te répète encore… » — Et, en post-scriptum : « Les gens qui se respectent ne spéculent pas sur un malheur public. Tâche de conserver notre nom sans tache. »

Son fils obéit immédiatement, et le père le remercie et le félicite.

Dans une des lettres relatives à cette affaire, je trouve ces mots : « Je n’écrirai pas à Maret » (sans doute pour se disculper de l’accusation d’avoir spéculé). « Si le Chef (l’Empereur) me faisait la mine, je renoncerais à tout et me retirerais ici. J’aime trop l’indépendance pour mendier la cour et les bonnes grâces. »

C’était un beau mouvement de fierté, mais l’Empereur ne suspecta jamais son ancien ministre, et c’est le moment, au contraire, où il le consulta le plus.

Napoléon était très préoccupé des conséquences économiques qui résultaient de sa lutte avec l’Angleterre et de ses guerres continuelles sur le continent. D’abord les sources de la prospérité publique menaçaient de se tarir ; au milieu de la gloire enivrante qu’il acquérait, le pays se ruinait. Puis, ce