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constamment à partir de 1811. L’époque était dure pour les fabricants. Les produits chimiques ne se vendaient pas ; les maisons les plus solides périclitaient. Chaptal console et rassure son fils par ces paroles : « Dans le moment de crise où se trouve le commerce, il faut s’estimer heureux de ne pas perdre. Le temps viendra où de grands établissements, comme les tiens, conduits avec intelligence et économie, devront naturellement prospérer. On doit, en ce moment, s’estimer heureux d’avoir tout fait par ses propres fonds et de n’avoir pas usé d’un crédit qu’on ne peut pas alimenter (12 janvier 1811). »

Ces derniers mots font allusion aux spéculations commerciales, que l’ardeur vigoureuse des négociants de cette époque et les vicissitudes de la politique d’alors avaient développées fortement. Chaptal avait en horreur les spéculations de marchandises. Ayant appris qu’un des associés de son fils était accusé de spéculer et qu’on avait porté l’affaire jusqu’à l’Empereur, il écrit lettres sur lettres à son fils pour qu’il se débarrasse immédiatement des marchandises que sa maison, c’est-à-dire en réalité son associé, avait en commission. « C’est une grande maladresse, dans un moment comme celui-ci, de servir d’intermédiaire pour faire la fortune d’autrui et recevoir tout l’odieux. Je ne veux plus qu’on prenne ni sucre ni café à