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tenir une thèse générale. Ces épreuves publiques enflammaient mon émulation et me forçaient à travailler.

Des études aussi assidues auraient pu avoir un résultat plus avantageux pour moi, si le fonds avait été plus philosophique et les sujets mieux traités ; mais tout se bornait à des discussions inintelligibles sur la métaphysique, à des subtilités puériles sur la logique, etc., etc., et, à l’exception de quelques notions exactes, mais superficielles, sur l’algèbre, la grammaire et le système du monde, je n’ai retiré de ces études forcées pendant deux ans qu’une grande facilité à parler latin et une passion pour l’ergoterie, que j’ai heureusement abandonnée, après en avoir senti de bonne heure tout le ridicule.

Mes thèses générales firent une grande sensation. Tout le chapitre, la noblesse, l’évêque, s’y rendirent. Pour les rendre plus solennelles, je les avais dédiées au chapitre lui-même, et là, pendant trois ou quatre heures, je me débattis contre les personnes les plus redoutables en argumentation. Comme les disputes roulent sur la métaphysique, attendu que les mathématiques, la physique et l’astronomie sont susceptibles de démonstration, l’argumentant joue le premier rôle, parce qu’il attaque ou des articles de croyance ridicules, ou des opinions hasardées sans preuves ; mais la victoire reste constamment à celui qui parle avec le plus d’assu-