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l’histoire et la géographie comme si l’on eût parlé d’un monde imaginaire.

J’allais passer le temps des vacances dans la maison paternelle, et mes parents y réunissaient tous les curés et vicaires des environs ; là nous faisions assaut de latin, d’histoire, de grammaire ; j’étais constamment le plus fort, ce qui donnait de l’orgueil à ma famille et excitait singulièrement mon émulation.

Après cinq années d’études au collège de Mende, mon oncle me fit passer à celui de Rodez (département de l’Aveyron, ci-devant Rouergue)[1]. Il donna la préférence à ce collège, parce qu’il était fort lié avec M. de Cicé, évêque de Rodez, et que le professeur de philosophie, M. Laguerbe, jouissait d’une réputation méritée. Je fus donc fortement recommandé à M. Laguerbe, j’eus une chambre au collège et je fis table commune avec les professeurs.

M. Laguerbe me donna des soins tout particuliers ; il passait les journées avec moi, me faisait apprendre et répéter mes cahiers, me choisissait seul chaque mois pour soutenir une thèse publique sur tout ce qui avait été enseigné dans le mois, et, à la fin de chaque année, il me désignait pour sou-

  1. Le collège, fondé par le cardinal d’Armagnac en 1562, avait été gouverné par les Jésuites jusqu’en 1762, époque de leur suppression : du temps de Chaptal, des prêtres séculiers étaient chargés de l’enseignement.