Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il le restaura si bien qu’il pouvait dire en 1808[1], lorsque Napoléon manifesta un jour l’intention d’y placer le prince des Asturies, que « le château était en état de recevoir une tête couronnée ». Mais ni sa fortune ni ses goûts ne le disposaient à y déployer le faste qui a rendu fameux le séjour du ministre de Louis XV.

Arthur Young, qui visita Chanteloup en 1787, dit, à cette occasion, qu’au lieu de s’entourer de forêts, de sangliers et de chasseurs, au lieu de dorer des dômes et d’élever, comme Choiseul, une pagode chinoise, les grands seigneurs éprouveraient une satisfaction plus intime, augmenteraient leur confort et ajouteraient à leur bonheur privé et à celui de leurs voisins, s’ils peuplaient leurs terres de fermes propres et bien cultivées et d’heureux paysans, et s’ils ne construisaient que des bâtiments utiles. La destinée appela Chaptal à réaliser le vœu du célèbre voyageur anglais. Le 10 septembre 1787, une vacherie seule avait trouvé grâce devant celui-ci ; après 1804, il aurait rencontré plus de sujets de satisfaction. Mon aïeul transforma Chanteloup en une exploitation agricole. Il eut un troupeau de mérinos, qui devint célèbre en Europe. On venait de partout lui acheter ses béliers ; cette race était alors peu répandue. Il avait une distillerie d’eau-

  1. Lettre à son fils.