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la poudre à Paris, sous la menace d’une réquisition. Après quatre ans d’une administration où il a eu la satisfaction de réaliser une partie des idées que son expérience antérieure lui a fait concevoir et mûrir, après avoir appris à admirer, mais aussi à connaître l’homme dont le génie et l’impulsion rendent possible l’application des réformes nécessaires, il quitte le gouvernement en homme satisfait de son œuvre.

« Je fus presque rendu à la vie privée et au repos, que je pourrais appeler otium cum dignitate, dit-il dans ses notes, et je repris mes études favorites. » Le fruit de ces études est d’abord une Chimie appliquée aux arts, dédiée à l’Empereur (1807) ; puis un volume sur la Teinture du coton (1807).

Il avait publié en 1801, c’est-à-dire pendant son ministère même, un Traité sur l’art de faire le vin. Pour s’expliquer le succès de ces ouvrages, qui furent traduits dans toutes les langues de l’Europe, il faut se rendre compte que, pour la première fois, la science se mettait à la portée du fabricant et de l’agriculteur. Ces livres sont, pour ainsi dire, le nouvel évangile que les savants viennent proposer à l’industriel. Celui-ci jusqu’alors s’était méfié des théoriciens. Aujourd’hui que la chimie est devenue l’auxiliaire indispensable de l’industrie, nous aurions peine à concevoir les préjugés