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Essai

dureté, cette inaltérabilité qui font en général le caractère de cette roche primitive ; il est pulvérulent, et n’offre à l’œil qu’un sable sec, plus ou moins grossier. C’est dans ces débris que, sur plusieurs points de la France, on cultive la vigne, et lorsqu’une exposition favorable concourt à en aider l’accroissement, le vin y est de qualité supérieure. Le fameux vin de l’Hermitage se récolte dans de semblables débris. Il est aisé de juger, d’après les principes que nous avons posés, qu’un sol tel que celui qui nous occupe en ce moment ne peut qu’être favorable à la formation d’un bon vin : ici nous trouvons à-la-fois cette légèreté de terrein qui permet aux racines de s’étendre, à l’eau de s’infiltrer, à l’air de pénétrer ; cette croûte caillouteuse qui modère et arrête les feux du soleil ; ce mélange précieux d’élémens terreux dont la composition paroît si avantageuse à toute espèce de végétation.

Ainsi l’agriculteur, plus jaloux d’obtenir une bonne qualité qu’une grande abondance de vin, établira son vignoble dans des terreins légers et caillouteux ; et il ne se déterminera pour un sol gras et fécond, que dans l’intention de sacrifier la bonté à la quantité[1].

  1. Quoique les principes que nous venons d’établir soient prouvés par presque toutes les observations connues, il ne faut pas cependant en conclure que les ré-