Page:Chaptal - Essai sur le perfectionnement des arts chimiques en France, Deterville, 1800.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
ESSAI SUR LES ARTS CHIM.

faits, ou par la fréquentation d’artistes instruits.

Le défaut de goût dans le consommateur courbe, à la longue, l’artiste le plus habile sous le joug de la médiocrité : du moment qu’un ouvrage parfait n’est plus distingué d’un ouvrage incorrect, l’artiste ne sent que trop qu’il feroit, à pure perte, le sacrifice de son temps pour perfectionner son ouvrage ; il se borne à des ébauches ; et peu à peu son talent s’affoiblit par une suite constante d’une pratique négligée. Il existe néanmoins des hommes qui, fortement travaillés de la gloire de leur art et du besoin de bien faire, donnent encore à leurs travaux l’empreinte de tout leur talent : mais, à la honte du consommateur français, ces artistes traînent leurs jours dans la misère, tandis que la médiocrité prospère et s’enrichit.