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l’économie animale, elle vous donnera la théorie et les procédés de presque tous les arts. Ici vous aurez encore occasion de vous convaincre de la simplicité des moyens de la nature : les mêmes agens opèrent sur le corps humain et sur les êtres inorganiques : les lois de leur action sont par-tout les mêmes, et les résultats ne diffèrent que parce que les principes sur lesquels ils opèrent sont différens.

D’après ces mêmes principes, vous vous garderez bien de faire de la botanique un dictionnaire de mots, ou un catalogue de remèdes ; vous ne bornerez pas vos études à classer méthodiquement dans votre mémoire une nomenclature difficile ; car vous finiriez par enchâsser toutes les idées, pour n’y loger que des paroles. Mais vous étudierez les phénomènes de l’accroissement, de la nutrition, de la propagation, de la fructification ; vous observerez avec soin l’influence du sol, des saisons, du climat sur les végétaux et sur chaque produit de la végétation ; vous apprendrez à quels usages économiques on fait servir telle ou telle plante dans les divers pays. En parcourant cette longue liste de végétaux employés à notre nourriture ou à celle des animaux que nous avons associés à nos travaux, vous vous convaincrez que presque tous, sont des conquêtes que nous devons aux naturalistes : eh ! croyez-vous donc que la classe des plantes utiles est épuisée pour nous ? pensez-vous que notre sol se refuse désormais à naturaliser de nouvelles productions ? Les arts et la médecine qui font contribuer tous les climats, ne peuvent-ils donc pas prétendre à s’affranchir enfin de cette servitude ?

Mais qu’il y a loin de l’homme qui se traîneroit chaque jour autour de nos murs, pour s’assurer qu’aucun individu végétal ne lui a échappé, à celui qui voit dans la botanique un moyen d’enrichir les arts, de faire prospérer l’Agriculture,