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de touche la plus sure pour distinguer des principes vrais de ceux qui ne le sont pas ; et du moment que je vois tous les phénomènes se réunir et se plier, pour ainsi dire, à une théorie, je conclus que c’est là l’expression et le langage de la vérité : lorsque je vois, par exemple, que la plante peut se nourrir d’eau pure, que les métaux s’oxident dans l’eau, que les acides se forment dans les entrailles de la terre, ne suis-je pas en droit de conclure que l’eau se décompose ? Et les faits chimiques qui me rendent témoin de sa décomposition dans nos laboratoires ne reçoivent-ils pas une nouvelle force par l’observation de ces phénomènes ? Je crois donc qu’on doit se piquer de faire concourir ces deux genres de preuves, et un principe déduit d’une expérience n’est à mes yeux démontré qu’autant que j’en vois des applications bien naturelles aux phénomènes de l’art et de la nature. Ainsi, si je me trouve combattu entre des systèmes opposés, je me déciderai pour celui dont l’expérience et les principes s’adaptent naturellement et sans effort au plus grand nombre de phénomènes, je me méfierai toujours d’un fait isolé qui ne s’applique à rien, et je le réputerai faux si je le vois en opposition avec les phénomènes que la nature nous présente.

Il me paroît encore qu’un homme qui se propose d’étudier ou même d’enseigner la chimie,