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SECTION TROISIÈME.


De la marche que le Chimiste doit suivre pour étudier les divers corps que la nature nous présente.


Les progrès qu’on fait dans une science dépendent de la solidité des principes qui en font la base et de la manière de les étudier ; il n’est donc pas étonnant que la chimie ait fait peu de progrès dans ce temps où le langage des Chimistes étoit énigmatique et où les principes de la science n’étoient fondés que sur des analogies mal déduites ou des faits mal vus et peu nombreux ; dans les temps qui ont suivi cette époque, on a un peu plus consulté les faits ; mais, au lieu de ne dire que ce qu’ils disoient, le Chimiste a voulu faire des applications, tirer des conséquences et établir des théories : ainsi, lorsque Sthal vit pour la première fois que l’huile de vitriol et le charbon produisoient du soufre, s’il se fût borné à énoncer le fait, il auroit annoncé une vérité précieuse et éternelle ; mais conclure que le soufre étoit créé par la combinaison du principe combustible du charbon avec l’huile, c’est dire plus que l’expérience n’indique, c’est aller plus loin que le fait, et ce premier pas hazardé peut être un premier pas vers l’erreur. Toute doctrine, pour être stable,