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toujours des germes de haine internationale, quand on ne visera plus qu’un but pacifique, philanthropique, humanitaire, que d’améliorer le sort des hommes, de préparer leur confraternité, d’établir une langue universelle, trouvera-t-on une triple alliance pacifique ? On serait vraiment tenté d’en douter.

Mais alors, faut-il désespérer ? Gardons-nous en bien.

Si l’entente que je préconise ne peut se réaliser, voici ce qui est à prévoir : le remarquable courant qui s’est formé récemment dans tous les pays civilisés vers l’étude des langues étrangeères s’accentuera et s’accélélera de jour en jour. Il se dirigera d’abord spécialement vers trois langues : français, anglais et allemand. Puis, par l’effet d’une sélection naturelle, l’allemand, plus difficile, plus compliqué, moins répandu, passera au second rang et cédera la première place à l’anglais ; et par la seule force des choses, cette force latente peu bruyante, mais irrésistible, malgré l’indifférence et l’inaction des trois gouvernements et sans qu’il soit besoin ni de la délégation ni de son comité, le projet que j’ai conçu se réalisera.

En raison de mon âge avancé, je n’assisterai pas à son avènement. Il ne me sera pas donné d’entrer dans la terre promise. Mais, quand je partirai, ce qui ne peut tarder beaucoup, pour le grand voyage dont on ne revient pas, j’emporterai la certitude de cette réalisation dans un avenir plus ou moins éloigné, et la consolation d’avoir été l’un des ouvriers de la première heure de cette grande réforme qui simplifierait et faciliterait singulièrement les relations usuelles et commerciales et contribuerait puissamment aux progrès de la science et de la civilisation.

Paul Chappellier.