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Mon projet est plus modeste ; il promet seulement à peu de chose près les mêmes avantages que ceux qu’on demande à la langue internationale.

En même temps, qu’il constate que mon projet n’est pas irréprochable, M. Michel Bréal plaide en sa faveur les circonstances atténuantes lorsqu’il explique comment il sera reçu par les Allemands, les peuples de l’Europe septentrionale et aussi les nations de l’Amérique méridionale, et surtout lorsqu’il ajoute (p. 241) cette remarque des plus importantes : « Les difficultés qu’on éprouvera au début iront toujours diminuant à mesure que la connaissance des deux langues deviendra chose plus générale. »

JALOUSIES INTERNATIONALES

C’est cependant cette jalousie des nations restées en dehors de l’entente anglo-française qui est le grand cheval de bataille de mes adversaires. Cette objection, j’en accepte la réalité, mais je ne conteste absolument l’importance qu’on lui attache, et voici comment je résume ma réfutation.

Aux Allemands, je dis :

Je partage l’estime universelle dont jouit votre savant et bel idiome. La réalisation de mon projet n’empêcherait pas que votre langue reste nécessaire à connaître pour la plupart des hommes qui veulent prendre part au travail scientifique et littéraire de notre temps ; mais l’anglais étant beaucoup plus répandu, et bien plus facile à apprendre, mon choix, au point de vue d’une langue internationale, ne pouvait être douteux. Toutefois, il reste bien entendu qui si l’anglais n’acceptait pas ce rôle, c’est l’allemand qui serait le plus apte à le remplir.

Aux autres nations, je dis :

Vos langues se prêtaient encore moins que l’allemand à l’internationalité ; mon projet ne pouvait les admettre à concourir ;