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« On peut croire, en effet, que les Allemands, réalistes comme ils le sont devenus, feront passer les avantages sérieux avant la satisfaction d’amour-propre. Nous avons, à ce sujet le témoignage d’un professeur de Leipzig, aussi instruit que patriote. « En ma qualité d’Allemand, écrit-il, j’aimerais bien voir ma langue maternelle admise à l’honneur de partager l’empire du monde… Mais en me plaçant à un point de vue objectif, et en tenant compte de la réalité des choses, je suis bien obligé d’avouer que les chances du français combiné avec l’anglais sont infiniment plus grandes… D’ailleurs, j’ai trop de confiancne en la vitalité du peuple allemand pour avoir peur d’une coalition linguistique entre la France et l’Angleterre. »

« Les difficultés qu’on éprouvera au début iront toujours diminuant, à mesure que la connaissance des deux langues deviendra chose plus générale.

« Cette solution, qui n’est point irréprochable, puisqu’elle ne fait point la part du monde au slave, ni des Grecs, ni des Orientaux, aurait cependant cet immense avantage, si elle est adoptée à temps, de prévenir le moment où de nouveaux concurrents viendront réclamer leur place. C’est aux nations les plus vieilles, s’appuyant sur les civilisations les plus anciennes, de prendre les devants et de prévenir l’heure de l’universelle compétition. »

En terminant son travail, M. Michel Bréal le résume dans les termes suivants :

« Parmi les projets que nous avons passés en revue, s’il fait dire celui qui nous paraît mériter l’attention des hommes d’État, c’est le projet (Chappellier) qui, en associant d’une façon générale et permanente le français et l’anglais, créerait un tel centre d’attraction, qu’aucun peuple civilisé du globe ne pourrait en décliner la bienfaisante influence. »

Dans un second article (Revue de Paris, 1er septembre 1901, p. 222), M. Michel Bréal renouvelle l’expression de son opi-