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pourri, une sorte d’olla podrida indigeste ; ils osent même prononcer le mot de charabia cosmopolite.

Tout en protestant contre ces expressions irrespectueuses et imméritées, n’est-on pas tenté de se demander si on ne doit pas pardonner à leurs auteurs, quand on lit des textes espérantistes ?

Des critiques plus modérés ont prononcé le mot de petit nègre. Quand vous lisez des phrases comme les suivantes données par M. de Beaufront : « mi havas la honoron prezenti al vi la lingvo esperanto », ne vous semble-t-il pas entendre un arbi vous dire à Alger dans son charabia petit nègre : moi avoir le honneur présenter à vous la langue espéranto ?

Au lieu de l’expression petit nègre qui est bien dure, il y en a une autre qui m’est souvent venue à l’esprit, mais que j’aurais hésité à prononcer si je ne l’avais pas trouvée sous la plume d’un éminent espérantiste, M. Noblemaire, le distingué directeur de la compagne P.-L.-M. La voici :

« J’ai déjà vu cela quelque part, pensais-je, mais où ? Chez toi, mon immortel Molière. C’était ton propre sabir, non pas celui du Bourgeois gentilhomme, mais le sabir néo-latin du Malade imaginaire. » Suit un éloge pompeux de ce nouveau sabir.

En s’abritant sous la haute personnalité de l’espérantiste éminent qu’est M. Noblemaire, n’est-on pas autorisé à dire que l’espéranto ne mérite pas la qualification de véritable langue et n’est qu’un sabir perfectionné, très perfectionné, aussi perfectionné qu’on voudra ?

QUEL EST L’AVENIR DE L’ESPÉRANTO

J’ai l’intime conviction que l’espéranto subira le même sort que le volapuk, dont il n’est qu’une nouvelle édition très améliorée, dit-on.

Est-ce à dire qu’on doit dès aujourd’hui l’ensevelir dans le même linceul que son prédécesseur ? Non certes. Sa clientèle néo-latine lui restera pendant quelque temps.

Quant aux Anglais, aux Allemands et autres peuples du