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bulaire n’est pauvre qu’en apparence, et qu’en réalité il est d’une richesse incroyable » ; le public ne partagera pas leurs illusions, il restera convaincu que ce vocabulaire est pauvre et très pauvre (mal riche et très mal riche).

Il n’y a pas une réclame espérantiste qui ne nous rappelle ces qualités fondamentales : « Seize règles de grammaire, ce qui permet de s’en rendre maître au bout d’une heure au plus, une trentaine d’affixes et pas de syntaxe. »

Au sujet de ces simplifications, un publiciste italien dont je regrette de ne pouvoir citer le nom (il ne signe pas ses articles) dit : « Moins il y a de règles posées, plus il y en a de sous-entendues. » C’est parler d’or. Pour qui voudra se donner la peine d’en approfondir le sens, ces deux lignes sont grosses de conséquences.

Cette remarque pleine de justesse et de finesse suffirait à elle seule pour condamner l’un des principes fondamentaux sur lesquels sont édifiées toutes les langues artificielles, savoir : les simplifications, les abréviations, les suppressions à outrance, qui excluent la précision et la clarté.

Quatrième objection à la langue artificielle :

INSTABILITÉ

Une langue artificielle n’est pas parfaite. Quand même elle serait l’œuvre d’un homme de génie, quand même elle serait approuvée par les distingués promoteurs de la délégation, elle serait essentiellement perfectible, comme toute œuvre humaine. Chaque nation aura une tendance instinctive à modifier, perfectionner, transformer ce nouvel idiome dans le sens du génie propre à sa langue maternelle.

C’est ce qui est arrivé au volapuk ; il était à peine né, qu’un schisme éclatait dans son sein ; il y avait plusieurs volapuks, comme le rappelle M. de Beaufront, ce qui a encore été l’une des causes de son échec.

Nous avons un exemple plus important que celui du volapuk.

Tant que le latin est resté langue vivante, il a conservé son