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Il n’est pas sans intérêt de connaître les variations que subit cet appareil. Sans chercher à redire dans tous ses détails l’histoire du corset, ce que tant d’autres ont fait avec succès, nous nous bornerons à montrer qu’il fut, sous diverses formes, connu de tout temps et sévèrement jugé.

Les littératures grecque et romaine nous donnent des preuves multiples de l’existence de ceintures plus ou moins serrées. Mais aucun monument de l’antiquité, aucune œuvre artistique, aucun texte des anciens n’établit la moindre apparence de l’emploi du corset proprement dit dans l’habillement des femmes grecques et romaines.

Dans le Musée des Antiques on ne trouve rien qui ressemble au corset moderne.

Homère, décrivant la toilette que portait Junon lorsqu’elle voulut séduire Jupiter, dépeint les deux ceintures qui « dessinaient amoureusement la taille de la déesse ».

Dans le dialogue des Amours, Lucien, parlant des tuniques trop transparentes de ses contemporaines, ajoute : « Sous ce vêtement, tout se voit mieux que le visage, excepté les seins qui tomberaient en avant d’une manière difforme s’ils n’étaient constamment retenus prisonniers. »

Ces ceintures prirent d’ailleurs des noms très variés : μίτρα, synonyme dans la haute antiquité grecque de στρόφιον. Dans Homère, c’est un ceinturon à l’usage des guerriers, mais aussi c’est une ceinture de femme, d’où l’expression μίτραν λύειν, délier la ceinture. Le στρόφιον ou stethodesmion et la μίτρα se rattachent tous