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tiche qu’elle se met on adapte des supports droits qui le resserrent et le repoussent en arrière. »

C’est la naissance du busc.

Ainsi donc les langues mortes classiques ne font allusion qu’à l’entourage, à l’enveloppement des seins. Le corps ou buste n’y est pas une fois signalé, tandis que les langues vivantes font toutes sur ce point allusion à lui : en allemand, Leibchen ; en anglais, Bodice ; en italien, Giubba ou Busto, expressions signifiant toutes, comme en français, corset ou petit corps.

Est-ce à dire que les femmes de l’antiquité ne se serraient pas ? Loin de là, et les preuves en abondent. Avant tout, il ne paraît pas que Grecs et Romains aient jamais eu le goût prononcé des Orientaux de nos jours pour le développement excessif des seins. Voici un vers qui fait à cet égard l’éloge d’une Romaine :

Non annosa, non mammosa, non bibosa, non procax[1].

Ni vieille, ni mamelue, ni buveuse, ni provocante.

Ovide, Martial et la plupart des auteurs anciens recommandent aux femmes d’éviter de prendre de l’embonpoint et les engagent à se serrer pour y parvenir. Mais combien d’autres se plaignent de l’excès de cette constriction ! Térence condamne ce goût contre nature, et plus tard Galien[2] dira : « C’est surtout chez les jeunes filles qu’il nous est donné de voir sans cesse se produire cet effet (déformation)… Elles mettent des bandes qu’elles serrent fortement sur les omo-

  1. Libérius, poète cité par Aulu-Gelle.
  2. Galien. — Des causes des maladies.