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Il remplira sa tâche à tâtons, car son âme
Incessamment voyage au pays du peleu.

Tel un pêcheur pleurant la mer calme ou mutine
Qui le berçait de bruits lugubres ou joyeux,
Loin des mille clameurs du grand bois giboyeux,
Bien souvent le terrien soupire et se chagrine.

Le seul désert l’attire, et dès que les oiseaux
Quittent notre ciel gris pour celui des Florides,
La sauvage forêt des hautes Laurentides
L’entend marcher encor sous ses mouvants arceaux.

                                       ***

Loubier vieillit. Son dos s’envoûte, son front penche ;
Et, chaque fois qu’il part pour les fourrés sans fin,
La maisonnée a peur que les fauves enfin
Contre leur ennemi ne prennent leur revanche.

L’audacieux mourra sans doute emprisonné
Au fond de la savane aride et solitaire ;
Et martres et visons, qu’il appâtait naguère,
Viendront manger son corps exsangue et décharné.