Devant qui tant de fois avaient fui tant de preux,
Venaient de reculer sous la grêle des balles.
La Déroute emporta ces combattants fougueux
Dont Crémazie a dit les tragiques prouesses.
Le sort jaloux, hélas ! trahissait nos aïeux ;
Et dans les bourgs naissants, la veille encor joyeux,
Éclatèrent bientôt de longs cris de détresse.
Un deuil sans nom couvrit nos champs et nos forêts ;
Et, comme l’albatros blessé, traînant son aile,
L’antique drapeau blanc, troué par les boulets,
S’abaissa sous l’essor de l’étendard anglais
Et s’enfuit pour toujours vers la Gaule immortelle.
Plus d’un siècle a passé sur Québec grandissant
Depuis l’heure où, ployant sous la désespérance
Qui torturait un peuple à peine adolescent,
Nos pères, noirs de poudre et maculés de sang,
Y virent s’envoler les couleurs de la France.
Plus d’un siècle a passé ; mais toujours sous nos cieux
Nous vénérons Montcalm, nous chérissons la race
Dont sortit ce vaincu superbe et glorieux.