Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/134

Cette page n’a pas encore été corrigée

Pour aller éparer, faire le pémican,
Soigner ceux qu’a cloués au sol quelque blessure.

Le temps passe. Minuit approche en l’ombre obscure,
Et les vaillants chasseurs, restés toujours Français,
Ne cessent de vanter l’éclat de leur succès,
Et de robustes mains à tout moment s’étreignent.

Cependant par degrés les longs propos s’éteignent
Avec les feux, dont l’âme ardente en cet instant
Ne jette dans la nuit qu’un reflet tremblotant.
Dans le désert tout dort, le vent, la feuille, l’aile.
Et, comme va mourir la dernière étincelle
Du dernier grand bûcher sans braise et tout noirci,
Plus d’un songe au sommeil, mais plus d’un songe aussi
À remercier Dieu de l’abondante chasse
Dont la plaine longtemps conservera la trace ;
Et bientôt, au milieu du calme solennel
Qui tombe de l’azur immaculé du ciel,
Où les étoiles d’or épanchent leur lumière,
Récitée en commun, la dolente prière
De ces naïfs enfants des déserts canadiens
― Chez qui toujours survit la foi des jours anciens
Et qu’on voit prosternés sous leurs abris de toiles ―
S’exhale vers le temple infini des étoiles.