Ils avaient, ces héros, la démence sublime
Qui fait narguer la foudre et défier l’abîme.
Ils rêvaient d’agrandir le royaume des lis,
Et, nés sous le soleil de la vieille Armorique,
Voulaient renouveler sur le sol d’Amérique
Les glorieux exploits des soldats de Clovis.
Animés d’un espoir que la valeur inspire,
Ils rêvaient de fonder sur nos bords un empire,
Et, pour sacrer le sol qu’ombrageaient nos grands bois,
Pour le sacrer d’un sceau que nul vainqueur n’efface,
Ces fiers Bretons, aussi croyants que pleins d’audace,
Brûlaient d’y planter l’arbre immortel de la croix.
Le grand souffle du large en leur large poitrine,
Ils se sentaient poussés par une main divine.
Un jour, à la Bretagne ils firent leur adieu,
Et, sur des flots que seuls sillonnaient les orages,
Ils vinrent apporter à des rives sauvages
Le verbe de la Gaule et le verbe de Dieu.
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