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les aspirations


Et nous avons été ravis, divin poète,
D’entendre dans tes chants gazouiller l’alouette,
Murmurer les sapins, soupirer les roseaux,
Jaser les flots mouvants et les algues mobiles,
Le large Saint-Laurent caresser les Mille-Îles,
Ces fragments de l’Éden égrenés dans ses eaux.

Et nous avons frémi d’une terreur sacrée,
Quand tu fis retentir dans ta strophe inspirée
La voix du dieu propice aux sauvages errants,
Et qui leur promettait une vie immortelle,
Où leur âme suivrait une chasse éternelle
D’énormes caribous et d’orignaux géants.

La vénération, la sainte idolâtrie,
Qui fait à tous les bords préférer la patrie,
Était enracinée en ton cœur si loyal ;
Elle y croissait puissante, immuable et sans tache,
Et nul effort n’aurait brisé la douce attache
Qui liait ta grande âme au paradis natal.