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dans l’ombre


Mais soudain, comme il va boire au flot frais et pur,
Un coup de feu tout près jaillit d’une ravine…
Et, frappé par le plomb d’un braconnier obscur,
Le cerf s’affaisse, un jet de sang à la narine.
 
Mourant, il se débat sur le sable souillé
Et cherche à se traîner vers la forêt chérie…
Il expire en versant des pleurs, ― agenouillé
Et les yeux vers le ciel comme quelqu’un qui prie.

Et c’est souvent ainsi qu’un poète, un rêveur,
— Pendant qu’au lac divin de l’art il boit la vie
Et sent frémir en lui le souffle créateur ―
Est épié dans l’ombre et frappé par l’envie.