Page:Chapman - Les Aspirations, 1904.djvu/301

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
296
les aspirations

Et parfois nous croyons entendre tout à coup
Le timbre de leur voix et le bruit de leurs ailes.

Et lorsque nous tombons ployés par les regrets,
Lorsque nous gémissons sous le poids de la chaîne
Qu’au bagne de la vie incessamment l’on traîne,
Ils viennent se pencher, la nuit, à nos chevets,
Et nous croyons sentir sur nos fronts leur haleine.

Des bords mystérieux où commence le ciel
Ils nous disent de fuir le terrestre esclavage :
Tels de blancs albatros, dans l’ombre d’une plage,
De moment en moment jettent des cris d’appel
À des oiseaux restés sur un autre rivage.

Et, guidés par leurs voix, soutenus par leurs bras,
Nous gravirons, un jour, la montagne éternelle,
Après avoir brisé l’enveloppe charnelle
Qui nous fait chanceler si souvent ici-bas…
Mais quand donc sonnera cette heure solennelle ?