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les aspirations


Soudain une rougeur très vive à l’ouest éclate…
Comme un vaste incendie elle embrase les cieux
Et baigne chaque toit d’un reflet écarlate.
Aussitôt des milliers de promeneurs fougueux,
Encombrant les trottoirs luisant comme l’agate,
S’élancent, en criant, vers le point lumineux.
 
Tous les yeux sont fixés sur le palais de glace.
Un déluge de jets pyrotechniques fond
Sur ses murs et ses tours durs comme une cuirasse,
En un fort de rubis le beau palais se fond,
Et, vomissant des flots d’étoiles dans l’espace,
Au feu des raquetteurs de tous côtés répond.

Une mitraille d’or grêle sur l’édifice ;
Une lave d’argent coule de ses lambris.
A-t-on jamais rêvé pareil feu d’artifice ?
Par instants on dirait qu’un essaim de péris,
Combattant des lutins au bord d’un précipice,
Lance sur eux des tas de perles et d’iris.