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les aspirations

Et contraint la prunelle étonnée ou pensive
À s’élever de l’onde opaque et convulsive
Vers l’éther transparent, presque immatériel,
D’où tombe en nappes d’or la grande paix du ciel.

À la fois torrent, puits, trombe, avalanche et piège,
La chute a la blancheur du lait et de la neige.
Cependant le soleil, le grand soleil de Dieu,
Quand il y met l’éclat de son regard de feu,
Souvent la transfigure et la métamorphose.
Quelquefois il la change en une toile rose,
Quelquefois il en fait une écharpe d’émail
Qu’il étoile d’argent, de saphir, de corail,
Et sa flamme, en perçant cette fluide écharpe,
Brille comme à travers les cordes d’une harpe.

Quel pinceau pourrait faire entrevoir l’idéal
De ce panorama sans borne et sans rival ?
Le poète, debout auprès, sur quelque cime,
En regardant crouler le torrent dans l’abîme,
Vibrant d’émotion, les regards éblouis
De l’étincellement des reflets inouïs