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les derniers montagnais


Aux lointaines rumeurs de l’Ouiatchouan qui fond
En avalanche d’or dans un gouffre sans fond,
Au murmure enivrant de la forêt voisine
Leur soufflant ses senteurs de sève et de résine.

Ils aiment le grand lac.

 Lorsque sur son flot clair
Ils poussent leurs canots, leur œil lance un éclair,
Et, dès que le géant se soulève et divague,
Ils courent, fous de joie, au-devant de sa vague,
Lui jettent des défis, et, cheveux dans le vent,
S’y bercent tout le jour dans le bouleau mouvant,
Dans le bouleau mouvant que l’onde à peine lèche,
Léger comme la plume et prompt comme la flèche.

Bien souvent on les voit, au milieu de la nuit,
 
Si le vent est muet et si l’étoile luit,
Assis au bord du lac qui mollement balance
Ses eaux dont les soupirs troublent seuls le silence,