Page:Chapman - Les Aspirations, 1904.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
151
navis patriæ


Se moquant de l’entrave, il court à pleines voiles ;
De l’erreur en passant il déchire les voiles,
Et sa vaste envergure effare les vautours.
Il est prodigieux sur l’onde débordée,
Et dès qu’il a lâché sa première bordée,
On voit fuir les tyrans et chanceler les tours.

Comme le soc luisant dans la glèbe féconde,
Il ouvre des sillons que la lumière inonde,
Et sur des bords dont l’œil des constellations
Devinait seul, hier, la grandeur souveraine,
Dispensateur semant partout la vie humaine,
Fait croître des épis qui sont des nations.

Hardi dans le danger et ferme dans l’épreuve,
Le premier, ce vaisseau remonta notre fleuve,
Et quand, après cent ans d’exploits toujours vainqueurs,
Il lui fallut, devant nos remparts en ruine,
Amener pavillon, vaincu par la famine,
Un long cri douloureux partit de tous les cœurs.