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les aspirations


Mais, malgré tes succès, quand ton trille argentin
Fait tressaillir les cœurs d’une ivresse divine,
Parfois un sanglot semble étreindre ta poitrine,
Une larme jaillit de ton grand œil éteint.

Tu pleures, le front plein d’une sublime fièvre,
L’esprit dans les rayons éblouissants de l’art,
De ne pouvoir, hélas ! caresser du regard
Les milliers d’auditeurs suspendus à ta lèvre.

Et tu songes toujours que c’est payer bien cher
Les applaudissements de la foule éperdue
Que de venir chanter à tâtons et perdue
Sous les feux de la rampe aussi vifs que l’éclair.

Tu préfères le calme aux longs cris d’allégresse,
Tu préfères l’encens des prés verts et des bois
Aux bravos éclatants que soulève ta voix
Au prix de tant d’ennui, de deuil et de tristesse.