Nous avons des sanglots, nous avons des lauriers
Pour le grand général tombé pour la patrie.
Nous proclamons bien haut la gloire des guerriers ;
Mais nous n’avons pas même un mot de sympathie
Pour les vaillants obscurs qui font, à leurs foyers,
Ivres de dévoûment, les combats de la vie.
Rarement nous songeons à ces cœurs indomptés,
Que le destin pourtant fait saigner à toute heure.
Nous oublions parfois jusqu’aux déshérités
Que torture la faim au fond de leur demeure,
Et la foule, entraînée aux bras des voluptés,
Détourne ses regards du mendiant qui pleure.
Dans cette foule ardente, aux délirants propos,
Qu’une indicible fièvre incessamment transporte,
La voix de la pitié n’éveille pas d’échos.
La sainte Charité par moments semble morte,
Et bien des châtelains restent sourds aux sanglots
Des pâles suppliants qui frappent à leur porte.
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à m. le sénateur l.-j. forget