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à m. le sénateur pascal poirier


Ils avaient le mépris sublime de la mort.
Tour à tour défendus et trahis par le sort,
Tour à tour dans la joie et la désespérance,
Ces lutteurs bien souvent changèrent de drapeaux ;
Mais toujours dans le fond de leurs cœurs de héros
Ils surent conserver l’étendard de la France.

Ils restèrent Français, en dépit des traités.
Quoique vaincus, ces preux, que nul n’avait domptés
Furent longtemps les rois des séduisants rivages
Dont s’étaient emparés d’avides conquérants.
Par leur langue et leur foi repoussant les tyrans,
Ils vivaient isolés, mais libres de servages.
 
Ils vivaient isolés et fuyaient les sommets.
Ayant perdu la France, envolée à jamais,
Ces nobles orphelins, dans leur douleur amère,
Tenaient leurs fronts courbés sur le sol florissant
Qu’elle avait fécondé du plus pur de son sang,
Dans la glèbe adoraient une nouvelle mère.