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LE LAURÉAT

III

Un petit fragment de la Bastide rouge et de L’Exilé pour terminer—et ad perpetuam rei memoriam :

ELIE BERTHET

Et ce jeune homme, ce mauvais sujet, Auguste Fleuriaux, n’a-t-on jamais entendu parler de lui ? N’est-il jamais revenu dans son pays natal ?

FRÉCHETTE

Auguste.—Et ce jeune homme, ce mauvais sujet. L’exilé, en a-t-on jamais entendu parler ? Est-il jamais revenu au pays ?

ELIE BERTHET

— Je ne crois pas, monsieur ; car il y a eu un temps où on l’eût lapidé s’il avait osé se montrer. C’est une histoire qui a fait grand bruit dans le temps. On était si indigné contre lui, qu’il fut obligé de se cacher, et on suppose qu’il s’embarqua sur un navire en partance pour le Levant. Quoi qu’il en soit, on n’a jamais eu de ses nouvelles, et tant mieux ; c’est un chenapan de moins.

FRÉCHETTE

Cayou. — Non ; quand les autres exilés sont revenus, j’ai entendu dire comme ça, entre les branches, qu’il avait péri en voulant s’échapper du bâtiment qui les emmenait dans les pays chauds, aux Bermudes qu’ils appellent ces pays-là, je pense. Mais il y avait pas de danger qu’il se remontre par icitte. Après ça, y fut s’fourrer parmi les révoltés des paroisses d’en haut. Il fut poigné, condamné à être pendu, un tas d’affaires : enfin il fut exilé avec les autres. Toujours qu’il est mort, et ma foi, y a pas de mal à ça, y en a toujours assez de ces vauriens-là dans le monde.

ELIE BERTHET

Amen ! répliqua le nabab avec sang-froid. Mais pour en revenir à Linguard, il passe pour un honnête homme ; n’est-ce pas ?