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On voit, M. Fréchette, que vous vieillissez, que votre mémoire s’en va.

Effectivement, si vous aviez conservé cette prodigieuse mémoire qui vous a fait retenir — je dis retenir, M. Fréchette — tant de vers exotiques et indigènes, vous vous seriez souvenu du Chêne et du Roseau, au moins du chêne auquel vous vous êtes récemment comparé avec tant de modestie, du chêne au pied duquel le roseau dit :

Je plie, et ne romps pas,

Mais M. Fréchette aurait-il cent fois raison de m’imputer la faute signalée, qu’il n’en serait pas moins la pelle qui se moque du fourgon, témoin, ce que je trouve dans son Papineau, pièce filoutée à Lamartine et à Crémazie :

Où l’aigle canadien avait plié son aile.

Ce pli est d’autant moins excusable que M. Fréchette, malgré le peu de mémoire qui lui reste, saura toujours par cœur Victor Hugo qui a dit :

Les antiennes du soir, dont autrefois saint Paul
_____Réglait les chants fidèles,
Sur les stalles du chœur, d’où s’élance leur vol,
_____Avaient ployé leurs ailes.[1]

M. Fréchette, debout à la barre de l’opinion publique, continue son plaidoyer avec la même adresse :

  1. Les Chants du Crépuscule, 3ème strophe de Dans l’église de ***