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LA RÉCLAME

M. de Gaspé, et dans lequel l’histoire est atrocement faussée, on pouvait lire dans la Patrie les lignes suivantes, écrites probablement par M. Fréchette lui-même :

La patrie, dans son orgueil et dans ses folles émotions de mère, presse sur son sein le sublime enfant qui, d’un seul coup de son aile de poste, vient de la placer à côté de la nation la plus avancée de la terre………

Avec son petit livre de poésies, Fréchette a fait ce que n’ont pu faire ni les plus vaillants guerriers ni les hommes d’État les plus consommés.

Il est notre plus grande gloire nationale,

S’il était possible pour un homme de s’abîmer sous le poids de sa propre gloire, M. Fréchette aurait de quoi s’abîmer.

Son grand drame historique Papineau vient de le placer au premier rang des auteurs du genre.

La plus grande difficulté sera peut-être de savoir qui des deux fut, le plus grand patriote, ou du héros (Papineau) ou de l’auteur de Papineau.

Quand on songe que pas une seule voix ne s’est élevée dans notre presse pour ridiculiser et stigmatiser à jamais l’imposteur qui a écrit ce qui précède ; quand on songe que cela a été lu en France, où nos journaux aujourd’hui pénètrent un nombre relativement considérable, on se sent ployer sous le poids de l’humiliation, on est envahi par un sentiment de tristesse qui nous fait désespérer de notre avenir intellectuel, on s’indigne, à bon droit, contre notre petit monde des lettres, qui pourrait peut-être laisser, sans protester, se répéter un acte de charlatanisme aussi bas et aussi déshonorant.