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II


Le chêne de la fable de M. Fréchette — avec lequel sa modestie s’est vue forcée de s’identifier — me rappelle encore un autre chêne qui, comme tous les chênes, porte des glands, — dont sont très friands les pourceaux, — le chêne du lauréat dis-je, me remet à l’esprit une bucolique que M. Fréchette publiait, à la date du 7 septembre 1871, à la page 431 de l’Opinion Publique, et dans laquelle figurent avec avantage deux compagnons de saint Antoine.

Cette poésie, qui portait le titre de Souvenirs de jeunesse, se lisait ainsi :


C’était un lieu charmant, une roche isolée,
Seule, perdue au loin dans la bruyère en fleur.
La ronce y rougissait, et le merle siffleur
Y jetait les éclats de sa note perlée.

C’était, un lieu charmant. Là, quand les feux du soir
Estompaient l’horizon d’une lueur mourante,
En écartant du pied la luzerne odorante,
Tout rêveurs, elle et moi, nous allions nous asseoir.

Ce qui se disait là d’ineffablement tendre,
Nul langage ici-bas ne peut le répéter ;
La brise se taisait comme pour écouter ;
Des fauvettes, tout près, se penchaient pour entendre.

Propos interrompus, sourires épiés,
Ces serrements de cœur que j’éprouvais près d’elle,
Je me rappelle tout, jusqu’à mon chien fidèle
Dont la hanche servait de coussin pour ses pieds.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

J’y retournai quinze ans plus tard. La folle avoine