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Non, l’aigle américain n’a pas aujourd’hui notre sympathie, encore moins notre amour. Notre amour ! nous le donnons à l’Espagne. Nous l’aimons, parce qu’elle a sucé l’héroisme et la passion du beau et de la liberté à la mamelle qui versa son lait pur et fécond aux lèvres de la vieille France ; nous l’aimons comme nous aimons la sœur de notre mère ; nous la vénérons pour sa beauté et pour sa grandeur.

La beauté de l’Espagne est merveilleuse, et nul pays ne possède un ciel plus serein, un sol plus verdoyant, des ondes plus limpides, des montagnes plus altières, des monuments plus fastueux, des femmes plus séduisantes.

L’Espagne a toujours exercé un charme fascinateur sur l’esprit des écrivains, et Corneille, Byron, Hugo, Musset, Gautier, Longfellow et Taine y ont puisé des inspirations vraiment dignes de ses plages enchanteresses. Non, aucune contrée n’est captivante comme l’Espagne avec ses légendes, ses romanceros, ses sérénades, ses patios, ses alcazars, ses escurials et ses alhambras, que la Poésie semble avoir dorés des rayons de ses ailes éblouissantes.

La grandeur de la vieille Hispanie est incomparable aussi. Ses soldats dominent les guerriers de la plupart des autres peuples comme le Pic du Midi est au-dessus des monts qui l’environnent, et voici ce qu’un grand poète a écrit à propos du Cid, qu’il compare au sommet le plus élevé des Espagnes :