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CHEZ LES MANGIAS


Au nord des sources de la Kémo, vers le 6e degré, se trouve une vaste région inhabitée qui s’étend sans interruption de l’Est à l’Ouest. Elle forme entre les tribus hostiles un pays d’embuscades et de luttes dont l’homme s’est peu à peu retiré. Aucune cause physique n’impose cette absence de population : sol richement couvert d’humus, eaux vives et nombreuses, sous-bois giboyeux. Des traces de villages abandonnés prouvent qu’à une époque récente la contrée était bien peuplée. C’est donc à l’état de guerre dans lequel les tribus vivent presque continuellement qu’il faut attribuer la formation de ce désert. L’étendue de ce pays inhabité varie suivant les hasards des alliances et des amitiés des naturels. Entre les Caas et les Togbos, elle n’a pas plus de trente à quarante kilomètres.

Un pic dont le sommet peut atteindre 540 mètres environ donne vue sur tout le pays : c’est le Gagazo. Au-delà, et presque à la même altitude, s’étend un plateau coupé de nombreux marigots