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gonfle, quitte le fond, est charrié par le courant. Il échappe ainsi, la plupart du temps, au chasseur européen. Mais il ne saurait échapper aux noirs ; tôt ou tard, ils le retrouveront allant au fil de l’eau, ou bien échoué sur un banc. Quel que soit alors son état de décomposition, ils s’en empareront avec joie et le mangeront, soit sur l’heure, s’ils sont nombreux, soit après en avoir fait fumer les chairs. Ils le chassent rarement au fusil ; or, comme leurs armes primitives ne peuvent traverser la peau si dure et si épaisse de ce pachyderme, ils font très adroitement des pièges aux endroits de passage préférés du monstre : un lourd épieu en bois dur, bien effilé, tombe automatiquement sur le col de l’animal qui généralement reste mort sur place.