De loin, bien caché dans les hautes herbes, quand un étranger circule autour d’un village, il avertit de sa présence avec son sifflet. Il dit : paix, échange, amitié. On lui répond : guerre ou paix — viens ou va-t-en — passe ou éloigne-toi. Et ainsi, sans se découvrir l’un à l’autre, deux individus, deux groupes échangent de loin les paroles nécessaires ou la garantie de leur sécurité.
Leurs armes sont la lance, la flèche et l’arc, le couteau de bras, des sortes de haches. Le couteau à jet n’est qu’exceptionnel. Ils joignent à cela le bouclier en vannerie ou en cuir.
La lance est un simple fer lancéolé de vingt-cinq à trente-cinq centimètres de longueur, emmanché à un morceau de bois dur, peu droit, à peine dégrossi et terminé par une pointe de fer. Ce bois est souvent noirci comme celui des arcs par un séjour prolongé dans l’humus formé par les feuilles mortes qui se décomposent lentement au fond des ravins. Par cette pratique, ils transforment les racines de chêne en bois tellement fin, dur et noir, qu’on jurerait de l’ébène.
Dans le nord de la tribu, on trouve quelques bois de lances en rotin : c’est plus dur, plus résistant et plus léger que le bois ordinaire.