une volée de flèches, de trop loin pour l’atteindre, dansent, hurlent, font des gestes obscènes et retournent boire. De plus hardis ou de plus surexcités avancent encore de quelques pas, puis d’autres viennent qui les dépassent, enfin l’un d’eux finit par se laisser surprendre ou atteindre, dans un camp ou dans l’autre, et c’est le signal de la débandade pour ses compagnons d’armes.
Le plus souvent, une bande, en chasse dans la brousse, rencontre un chasseur isolé d’une tribu voisine, et le sagaie sans pitié. Quand deux bandes se trouvent inopinément face à face, leur premier mouvement est de lancer leurs trombaches ou leurs sagaies, et le deuxième de s’enfuir. Les cris des blessés, s’il y en a d’un côté, font revenir le parti opposé qui s’attribue la victoire et découpe rapidement les malheureux. Ils font le soir même le fonds d’un repas. Cependant, lorsque forcés dans leurs retranchements ils luttent pour la liberté et la protection de leur famille, ils savent déployer du courage et de l’énergie.
Dans ces pays sauvages, où tout est embûche et traîtrise, on s’observe longtemps avant de s’aborder. Entre ces grands enfants craintifs, il s’est établi un langage conventionnel.