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nent maladroitement leurs doigts de pieds et atteignent péniblement jusqu’à vingt ; mais c’est pour eux une fatigue, un véritable effort d’intelligence. Plus loin, ils n’ont plus de moyens de numération, et, dans leur pauvre cervelle, pas de points de comparaison. Vingt-et-un, c’est beaucoup : (Gagaga, Mingui, Mingui) ; cinquante, cent, mille, c’est plus que leur imagination ne peut concevoir.

Les Mangias ont une manière assez inoffensive de faire la guerre. Ils n’ont pas plus de tactique que d’entente. Quand la guerre éclate, les femmes et les enfants cherchent un abri dans la brousse et s’y réfugient avec leurs biens les plus précieux : poules, chèvres, objets en fer. Les hommes battent le tam-tam, sifflent dans les cornets d’appel, crient et boivent beaucoup, beaucoup de pipi. Ils exécutent leur danse guerrière qui consiste surtout à à montrer le plus possible son derrière à l’ennemi, tout en s’abritant le reste du corps contre les traits avec le boucher, à hurler des insultes et brandir la sagaie.

Peu à peu, sous l’influence du bruit, du mouvement et de l’ivresse, les têtes s’échauffent et les guerriers marchent à l’ennemi en terrain découvert. Dès qu’ils l’aperçoivent, ils s’arrêtent, lancent